Le système olfactif
Le système olfactif apporte des informations sur un environnement
chimique. Participant à la localisation d'aliments potentiels,
à l'identification de congénères, ou à l'établissement de
relations de communication aux conséquences importantes sur
l'organisation sociale, les informations olfactives contrôlent
de nombreux comportements.
Le support d'information n'est pas une grandeur physique,
comme la longueur d'onde électromagnétique pour la vision,
ou les variations fréquentielles de la pression pour l'audition,
mais une conformation particulière, physico-chimique, de l'énergie,
portée par des produits chimiques volatils: les odorants.
Nous baignons la plupart du temps dans un nuage complexe de
molécules volatiles. Notre système olfactif doit donc en extraire
des informations. Pour ce faire, on peut considérer qu'il
fait jouer deux fonctions: discrimination et identification.
La fonction de discrimination permet l'extraction de signaux
dans un bruit de fond et la distinction des signaux entre
eux.
La fonction d'identification réalise quant à elle une reconnaissance
de ces signaux, les confrontant à des informations stockées,
attribuant ainsi une signification au stimulus.
L'ensemble de ces fonctions qui conduisent à la perception
olfactive repose sur des mécanismes physiologiques qui sont
la réception des molécules odorantes et la mémoire olfactive.
La sensation d'odeur est créée par les récepteurs olfactifs
situés à la partie supérieure de chaque fosse nasale, reliés
au bulbe olfactif cérébral à travers la lame criblée.
L'olfaction est le seul sens pour lequel les neurones sont
exposés directement sur l'environnement extérieur
sans aucune protection contre les agressions de certaines
substances.
La perception des odeurs
La
perception d'une odeur résulte d'un stimulus
très rapide, presque instantané, qui comporte
plusieurs informations parmi lesquelles, l'intensité
et la qualité de l'odeur.
Au niveau de l'intensité, notre odorat se comporte
comme pour la notion de chaud et de froid. L'intensité
du signal est importante au début de la perception
puis baisse progressivement avec l'adaptation.
Sur le plan qualitatif, notre odorat fonctionne comme
pour la notion de goût. Nous pouvons reconnaître,
apprécier et classer la qualité d'une
odeur.
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Variations
de la perception olfactive
La
capacité olfactive est plus forte le matin et la réceptivité
aux odeurs varie d'un individu à l'autre. Cependant, il est
notoire que les femmes ont un meilleur odorat que les hommes
et que les non fumeurs sont plus sensibles que les fumeurs.
A partir de 60 ans, s'amorce une baisse de la sensation, de
la discrimination et de l'identification des odeurs.
Plus de la moitié des personnes de plus de 80 ans ont un mauvais
odorat parmi lesquels 25 % des sujets ne sentent plus rien.
La perception olfactive est influencée, chez la femme, par
les hormones sexuelles. Elle est augmentée lors de l'ovulation
et au début de la grossesse. Par contre, une baisse de son
odorat est observée en cours de menstruation, en fin de grossesse,
et après la ménopause.
L'odorat connaît aussi des faiblesses. Certaines personnes
sentent, par exemple, une odeur à la place d'une autre (dysosmie)
ou encore identifient une odeur qui n'existe pas (phantosmie).
Le trouble le plus pénible reste la perte d'odorat (anosmie).
Les causes les plus fréquentes résultent d'un traumatisme
crânien avec destruction du nerf olfactif, d'infections nasales
(rhinites chroniques, polypes) ou de la maladie d'Alzheimer
au cours de laquelle la "lecture" des odeurs par le cerveau
devient impossible.
Loin d'être un sens mineur, l'odorat est une fenêtre sur l'extérieur
qui permet d'intérioriser le monde, de se souvenir et d'être
en relation avec les autres.
Les anosmiques ne possèdent plus la capacité d'alerte vis
à vis des dangers de leur environnement. L'odeur de
brûlé, de gaz ou encore de nourriture avariée sont autant
de signaux d'alerte qui leur échappent. Ils doivent compenser
cette défaillance en redoublant de prudence.
Les mauvaises
odeurs
L'odorat humain, bien que moins sensible que celui d'autres
mammifères, est une source d'informations sur les substances
chimiques de l'environnement.
Le nez humain est capable de reconnaître jusqu'à
4.000 odeurs à des concentrations très faibles
en molécules odorantes.
Les techniques analytiques ne parviennent pas toujours à
atteindre un tel seuil de détection. Nous pouvons,
à titre d'exemple détecter détecter l'hydrogène
sulfuré à une teneur dix mille fois plus faible que la concentration
toxique.
Les mauvaises odeurs contribuent souvent à l’inquiétude de
la population quant à la qualité de l’air et influent sur
leur style de vie. Parce que les odeurs sont facilement détectables,
elles sont le principal motif de plaintes.
Parmi les contaminants de l’air, les odeurs sont les plus
difficiles à gérer, du fait de la subjectivité inhérente à
la mesure et à la définition de ce qui constituerait un seuil
olfactif inacceptable. Les contaminants de l’air possédant
une odeur désagréable sont bien plus souvent gênants que toxiques
ou nocifs.
Les mauvaises odeurs ont un impact réel sur le mode de vie
et le bien-être des gens, du simple fait qu’elles sont agaçantes,
désagréables ou sources de complications.
Les contaminants odorants qui ont un effet nocif sur la santé
ou qui ont des conséquences nuisibles autres qu’une simple
gêne sont gérés selon les critères relatifs à la qualité de
l’air ambiant.
La concentration maximale acceptable de certains contaminants
spécifiques de l’environnement sont définies réglementairement.
La Loi sur l’Air, (dite Loi Lepage) 96-1236 du 30/12/1996
"SURVEILLANCE, INFORMATION, OBJECTIFS DE QUALITE DE
L'AIR, SEUILS D'ALERTE ET VALEURS LIMITES", fixe des
dispositions de surveillance de la qualité de l'air et de
ses effets sur la santé et sur l'environnement
-
objectifs de qualité, un niveau de concentration de substances
polluantes dans l'atmosphère, fixé sur la base des connaissances
scientifiques, dans le but d'éviter, de prévenir ou de
réduire les effets nocifs de ces substances pour la santé
humaine ou pour l'environnement, à atteindre dans une
période donnée
-
seuils d'alerte, un niveau de concentration de substances
polluantes dans l'atmosphère au-delà duquel une exposition
de courte durée présente un risque pour la santé humaine
ou de dégradation de l'environnement à partir duquel des
mesures d'urgence doivent être prises,
-
valeurs limites, un niveau maximal de concentration de
substances polluantes dans l'atmosphère, fixé sur la base
des connaissances scientifiques, dans le but d'éviter,
de prévenir ou de réduire les effets nocifs de ces substances
pour la santé humaine ou pour l'environnement.
Reconnaître une substance par
son odeur
Le vocabulaire humain ne permet pas de nommer avec précision
une odeur comme il est possible de le faire pour décrire
une couleur.
Par contre notre mémoire nous permet d'associer une
odeur à une situation vécue ou à un événement
particulièrement marquant.
Voici quelques substances chimiques remarquables que nous
avons coutume d'associer à un nom d'odeur.
hydrogène
sulfuré
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oeuf
pourri
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methylmercaptan
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choux
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ethylmercaptan
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choux
en décomposition
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allylmercaptan |
ail |
ammoniac
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très
piquante, irritante
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méthylamine
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poisson
en décomposition
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indole,
scatole
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excrément
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cadavérine
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viande
en décomposition
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acide
acétique
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vinaigre
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acide
butyrique
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beurre
rance
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acide
valérique
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sueur,
transpiration
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formaldéhyde
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âcre,
suffocante
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acétaldéhyde
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fruit,
pomme
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acétone
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fruit
doux
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dimethylsulfure |
légumes
en décomposition |
thiolane |
gaz
(produit d'odorisation du gaz) |
Les "nez" professionnels
Pour
mesurer une odeur, le meilleur instrument reste encore le
nez dont les muqueuses olfactives sont un capteur réellement
fiable. La sensation olfactive variant d'un individu à l'autre,
cette méthode est limitée.
Si certains riverains parlent «d'odeur incommodante» pour
des émanations d'entreprises de torréfaction
de café, d'autres évoquent plutôt un arôme agréable.
Cependant, ce n'est qu'à partir de mesures olfactométriques
humaines qu'un bilan des émissions d'odeurs peut être dressé
et que la conformité des rejets industriels peut être contrôlée.
Une odeur se compose de nombreuses substances chimiques volatiles.
Les mauvaises odeurs générées par des activités industrielles
comportent entre 200 et 800 principes actifs différentes.
Les plus fréquentes sont des molécules soufrées à l'odeur
d'œuf pourri, les molécules azotées qui sentent l'ammoniaque
et enfin les acides, cétones et aldéhydes, à l'odeur âcre
et rance.
L'olfactométrie permet de quantifier la concentration d'un
mélange odorant et d'en déterminer une intensité.
Le résultat des quantifications s'effectue par traitement
statistique des réponses d'un jury d'au moins six personnes
auquel on présente l'air récolté en un point d'émission
sur un site industriel.
Le gaz malodorant est prélevé à la source, une cheminée par
exemple, et conditionné dans des baudruches étanches
en plastique. Dans un laboratoire, l'échantillon est ensuite
branché sur un olfactomètre. A l'intérieur de l'appareil,
le gaz subit des dilutions successives avec un air de référence
inodore. Les différentes dilutions sont ensuite présentées
à chacun des "nez" qui détermine sa propre
limite de détection de l'odeur. Le seuil de détection
d'une odeur est donc la concentration de substance pour laquelle
50% des "renifleurs" n'ont plus de perception de
l'odeur.
Les résultats sont exprimés en unité d'odeur. Par exemple,
100 unités d'odeur représente la concentration d'un
gaz odorant pour laquelle il a fallu le diluer 100 fois pour
que la moitié des membres du jury ne sente plus rien. Jusqu'à
1500 unités d'odeur mesurées au point d'émission, il n'existe
aucune gêne pour les riverains.
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